MISE A JOUR POUR LES PARIS SPORTIFS EN FRANCE EN 2014
En Juin 2010, le gouvernement français mettait en place un véritable encadrement juridique des paris sportifs ayant pour finalité de protéger les différents acteurs du marché (qu’il s’agisse des parieurs ou des opérateurs de paris en ligne) mais également de doper le secteur.
Si la demi-année 2010 ne permettait en rien de juger l’impact de cette importante réforme, le bilan 2011 des paris sportifs en dit long sur la situation catastrophique dans laquelle se retrouve actuellement ce secteur qui promettait un bel eldorado...
A croire que quand l'Etat français passe quelque part pour ponctionner des impôts, plus rien ne va. L'exemple des charges énormes qui pèsent sur les entreprises françaises en est un bel exemple.
Le 7 Février, l’Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL) a rendu public le bilan 2011 du marché des jeux en ligne et plus particulièrement des paris sportifs.
Et le constat est accablant pour le secteur puisque de très nombreux parieurs semblent avoir déserté les opérateurs légaux du fait de leur faible attractivité. Ainsi, en un an, on constate un recul de 23% du montant des mises des parieurs, de 10% du produit brut des jeux mais également une baisse de 2 points du taux de retour aux joueurs.
23% de baisse des mises :
Au 4ème Trimestre 2010, le montant des mises étaient d’environ 200 millions d’euros alors qu’il n’est plus qu’à 154 millions d’euros 1 an plus tard. Autant dire donc d’emblée que la mise en place d’un cadre légal pour le secteur des paris sportifs n’a pas atteint ses objectifs. Il a même eu l’effet inverse de celui espéré.
Pourtant, tous les parieurs ne semblent pas avoir accueillis la législation des jeux en ligne de la même façon.
Ainsi, à la vue des données communiquées par l’ARJEL, ce n’est pas le montant des mises en lui-même qui pêche mais bien le nombre de parieurs. En effet, entre le 4ème Trimestre 2010 et le 4ème Trimestre 2011, les gros parieurs n’ont que très peu modifié leur comportement.
Il est d’ailleurs à noter qu’1% des parieurs effectuent plus de 50% des mises, le secteur est donc fortement dépendant de ces gros parieurs et a plutôt intérêt à les chouchouter.
Par contre, de l’autre côté de l’échiquier, les « petits parieurs » (surtout ceux âgés de moins de 30 ans) ont quant à eux quelque peu déserté le secteur estimant, pour la plupart, que le risque à prendre était trop important par rapport à l’espérance des gains.
Ainsi, en un peu plus d’un an, l’ARJEL observe une baisse de près de 17% des comptes actifs de joueurs. La baisse du nombre de joueurs mérite donc d’être traitée au plus vite si les opérateurs espèrent subsister sur le marché.
En parallèle, il convient de noter que toutes les disciplines sportives ne semblent pas subir les mêmes répercussions quant aux paris en ligne.
Ainsi, le handball et le rugby ont profité de la tenue en 2011 de leur Coupe du Monde (ou Mondial) respective pour attirer les parieurs puisque les deux disciplines se caractérisent par des hausses des mises allant de 40 à 60% (mais qui restent marginales à la vue du marché).
Mais, ce sont malheureusement bien les seules à aller dans cette tendance. Le football, qui représente à lui seul près de 55% des mises totales, est en déclin avec une baisse de 13% des mises.
Cette dernière s’explique principalement par la diminution de plus de 50% des paris reposant sur les championnats étrangers que sont la Première Ligue Anglaise, la Liga Espagnole, la Serie A Italienne ou encore la Bundesliga Allemande.
Mais heureusement, la Ligue 1 et la Ligue 2 continuent d’attirer les pronostiqueurs. Les autres disciplines telles que le tennis, le basket ou encore le volley marquent considérablement le pas puisque l’on peut noter une baisse allant de 20% à plus de 40% des mises portant sur ces pratiques sportives.
Le produit des jeux et le taux de retour aux joueurs, des baisses qui aggravent encore le constat :
La baisse significative (-23%) des paris sportifs a des conséquences complètement logiques telles que la baisse du produit des jeux pour les différents opérateurs en ligne (-20%).
D’ailleurs, au cours de cette année 2011 qui s’est avérée bien difficile pour bon nombre d’opérateurs, certains n’ont pas hésité à revoir complètement leur budget afin de limiter au mieux la casse.
Ainsi, certains ont abandonné tout ou partie de leur campagne de promotion télévisuelle relativement coûteuse au profit de la mise en place d’une stratégie d’affiliation et d’une stratégie de communication web beaucoup moins pénalisante pour les finances.
Mais, le marché des paris sportifs en ligne a eu une autre raison de trembler. En effet, le taux de retour aux joueurs a sévèrement baissé accusant un recul de deux points pour se fixer à un peu plus de 82%.
Alors, lorsque l’on sait que le taux de 85% était déjà désincitatif pour les parieurs, que dire d’un taux de 82% ! Il ne faut tout de même pas oublier que certains opérateurs étrangers proposent de leur côté des offres avec un taux de retour aux joueurs proche des 90 à 95%.
Concrètement, on note donc que 2011 a été une année catastrophique pour le secteur des paris sportifs en ligne et qu’au-delà de ce bilan annuel, il semble qu’un nouveau recul puisque le secteur est dans un cercle vicieux qui s’apparente à une spirale négative.
Une relance est-elle possible ?
Après l’année catastrophique vécue par le secteur, il semble désormais temps pour le gouvernement d’accepter de discuter avec les opérateurs de jeux en ligne afin de trouver des solutions pouvant assurer la pérennité des acteurs du marché.
En effet, même si certains opérateurs de paris sportifs en ligne s’en sortent grâce à l’accroissement de l’activité du poker en ligne, il parait tout de même essentiel de trouver au plus vite une sortie à cette spirale négative débutée par l’instauration d’un cadre légal.
Pourtant, l’Etat pensait avoir fait l’essentiel en demandant à l’ARJEL de ne délivrer des licences qu’aux opérateurs respectant un certain cahier des charges, chose que l’autorité a su parfaitement faire.
Ainsi, en 2011, seulement 15 opérateurs sont agrémentés pour proposer des paris sportifs en ligne sur la Toile et l’ARJEL a pris de nombreuses décisions visant à abroger des agréments précédemment attribués.
Mieux, ce sont plus de 1000 mises en demeure qui ont été adressées durant l’année et près de 470 sites illégaux ont été fermés. Mais, si cela a protégé les joueurs, cela ne semble pas les avoir convaincus d’aller parier sur les sites disposant d’un agrément.
Pire, il pourrait y avoir une recrudescence des sites de paris illégaux du fait du manque d’attractivité des opérateurs agrées par l’ARJEL. A trop vouloir être gourmand, l'Etat a déstabilisé ce nouveau marché qui aurait pû générer une niche conséquente d'emplois.
Et c'est bien cela que sanctionnent les parieurs qui jouent sur les sites illégaux et rien ne les empêchera de continuer. Même si la France suivait l'exemple belge qui consiste à taxer les joueurs "illégaux" par une amende, les parieurs continueraient. En clair, trop c'est trop...
L'Etat ne semble pas comprendre qu'Internet est un espace de liberté, certes à encadrer, mais pas à seringuer comme la France le pratique envers les PME françaises.
Après tout, l'Etat n'a qu'à entreprendre de baisser son budget interne de fonctionnement (le plus haut d'Europe) au lieu de casser la croissance de nouveaux marchés. En aparté, en suède, les députés mangent à la cantine... pas dans les 4 étoiles.
Bref, afin de relancer un secteur qu’elle considère à la dérive, l’ARJEL n’a d’ailleurs pas hésité dans les préconisations qu’elle a rendues à appeler à une analyse des modèles économiques et à une modification des contraintes fiscales qu’elle juge totalement inadaptées.
Mais, il est difficile d’imaginer l’Etat rebrousser chemin sur ce point alors même qu’il recherche plus que jamais de nouvelles sources de financement.
Aussi, il apparait bien difficile de tenter d’évaluer et d’imaginer à quoi ressemblera le secteur des paris sportifs en ligne l’année prochaine.
Ce qui est en tout cas sûr, c’est que si les acteurs du marché souhaitent s’assurer une pérennité, des modifications fiscales devront être apportées afin d’offrir un produit brut des jeux plus importants aux opérateurs et par conséquent, un taux de retour aux joueurs plus important.
L’attractivité des paris sportifs en ligne semble passer par là… Voilà pour le bilan des paris en ligne à ce jour. |